
Peut-on prétendre défendre les familles tout en sabrant les services sociaux?
(la réponse est non).
Écrit par Lola Tremblay
Publié le 22 avril 2025
On parle souvent de pauvreté comme d’une fatalité. Un peu comme de la pluie en novembre : on se dit qu’on ne peut rien y faire, sauf sortir le parapluie et espérer que ça passe. Mais si on vous disait qu’il existe des outils — qui marche, pour vrai — dont un en particulier qui a réussi à sortir des dizaines de milliers d’enfants de la pauvreté au Canada?
Non, ce n’est pas un mythe. Et non, ce n’est pas un nouveau plan douteux d’un énième monsieur à cravate. C’est l’Allocation canadienne pour enfants (ACE), un programme fédéral mis en place en 2016 (par les libéraux, faut le dire) qui distribue des prestations non imposables, ciblées et efficaces pour aider les familles à faible et moyen revenu. Et devine quoi? Ça fonctionne.
📉 C’est pas juste une impression : la pauvreté a réellement baissé
Le recensement de 2021 de Statistique Canada le confirme : l’ACE a contribué à une baisse importante du taux de pauvreté chez les enfants, surtout en 2020, année où plusieurs familles ont pu respirer un peu grâce aux transferts bonifiés. Ajoutez à ça les prestations temporaires liées à la pandémie, et hop! Des familles qui galéraient ont pu joindre les deux bouts.
👩👧 Les familles monoparentales? ENFIN prises au sérieux.
Là où c’est vraiment remarquable, c’est du côté des mères monoparentales. Oui, les vraies championnes de la gestion de crise permanente.
Une étude publiée dans le Journal of Labor Economics par Baker, Messacar et Stabile (2023) démontre que l’ACE a permis :
une baisse de 5 points du taux de pauvreté chez les mères célibataires
une hausse moyenne de plus de 2 000 $/année de leur revenu après impôts
aucun effet négatif sur leur participation au travail (contrairement aux prédictions de certains "experts" qui pensent que donner de l’aide = inciter à paresser).
💸 Une redistribution qui a du sens (oui, ça arrive)
Le programme est conçu pour être progressif. Ça veut dire : plus t’en as besoin, plus tu reçois. C’est mathématique et ça tape là où ça fait une vraie différence. À titre d’exemple, les mères dans le 10e percentile de revenu ont vu leurs revenus augmenter de 1500 $ de plus par année, juste grâce à ce programme. C’est pas des pinottes. C’est une bouée de sauvetage.
Et devinez quoi? Ce sont les riches qui reçoivent moins. Une vraie politique d’équité : logique, humaine, et qui ne donne pas d’urticaire.
Heureusement, la mesure a été introduite en 2016, malgré l’opposition Pierre Poilievre et des conservateurs. Une exception à la règle? Malheureusement, non. Les conservateurs ne sont pas du type “filet social” alors que c’est ce qu’il nous faut pour une société forte à long terme .
😏 Si ça marche cette affaire-là de filet social, pourquoi on n’en parle pas plus?
Parce que visiblement, c’est moins vendeur que de parler des emballages en plastiques, de pipelines et de blâmer les wokes pour tout. Pourtant, investir dans des services sociaux solides, c’est miser sur une économie réellement durable. Offrir à tout le monde une vraie chance dès le départ — un logement stable, des repas sur la table, des services de garde accessibles — c’est ce qui permet à chacun et chacune de contribuer pleinement à la société… et à l’économie.
Ce n’est pas un luxe, c’est un investissement. Moins d’inégalités aujourd’hui, c’est moins de pauvreté demain. Plus de gens en santé et sur le marché du travail, c’est plus de revenus fiscaux pour les années à venir. Bref, un filet social fort : un win-win comme on dit.
🙌 À nous de jouer
On est capables, collectivement, de bâtir un Québec et un Canada où les enfants ne commencent pas leur vie deux prises contre eux. Ce n’est pas un rêve de licorne. Des mesures sociales comme l’allocation canadienne pour enfants, ce sont des éléments concrets, ’ des programme bien réels, et qui livrent la marchandise. Efficacité économique vous dites? En vl’a un exemple!
Si vous êtes sensibles à l’idée d’une société où toutes les familles, même celles qui n’ont qu’un seul revenu ou un seul parent, peuvent s’en sortir dignement, parlez-en. Défendez ce genre de mesures. Et surtout, ne laissez pas les beaux discours vides remplacer les vraies politiques efficaces et solidaires.
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- Catégorie
Abandonner les familles
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