Cadre financier des conservateurs : une coquille vide enrobée de slogans

Le plan de Pierre Poilievre? Une série de promesses tape-à-l’œil, des hypothèses optimistes, et très peu de détails sur comment on s’y rend… ou qui va vraiment payer la facture. Car sa plateforme offre peu de réponses, et beaucoup de pensées magiques.

Des baisses d’impôts qui aident qui, exactement?

Les conservateurs prétendent vouloir aider la classe moyenne. Mais leur plan semble plutôt taillé sur mesure pour les plus riches.

La baisse d’impôt sur la première tranche de revenu est vendue comme une bouffée d’air frais, avec la promesse d’économies allant jusqu’à 1 800 $ par famille [1] . Mais devine quoi? Certaines conditions s’appliquent. 👀

Dans les faits :

• La dentiste qui gagne plus de 200 000 $ par année économiserait 900 $

• Le travailleur du communautaire à 45 000 $ ? 650 $ à peine.

Et pendant ce temps, l’État se prive de milliards de revenus essentiels. Ce n’est pas de la redistribution. C’est un cadeau à ceux qui ont déjà la plus grosse pointe du gâteau …. et on y ajoute une cerise dessus.

Le CÉLI : un mirage pour monsieur/madame tout-le-monde

Autre promesse vedette : hausser le plafond du CÉLI. Mais soyons honnêtes… qui peut vraiment mettre 12 000 $ de côté chaque année?

En 2022, seuls 9 % des cotisants ont maximisé leur CÉLI - et un tiers d’entre eux gagnaient plus de 100 000 $. Pour les salariés-es ordinaires, cette mesure est un mirage fiscal : un abri de luxe, réservé aux gens qui sont déjà loin de la tempête.

Des revenus qui relèvent de la science-fiction

Et du côté des revenus projetés? Là encore, le cadre repose sur du vent. Selon le journal Les Affaires, le document parle de « retombées économiques potentielles » qui prennent pour acquis un « boom économique immédiat » après l’arrivée au pouvoir des conservateurs.

Comme si le Canada était isolé du reste du monde. Aucun mot sur l’inflation, les risques de récession ou la guerre tarifaire des États-Unis (on s’entend qu’il y en a un qui a pas eu le temps d’écouter beaucoup les nouvelles dernièrement!). Même Pierre-Yves McSween a qualifié le tout de « simpliste et optimiste ».  

Pire encore : pour justifier les revenus projetés, les conservateurs s’appuient sur une étude portant sur le marché immobilier ontarien - l’un des plus chers du pays. Et ils appliquent les conclusions de cette étude à tout le Canada. Résultat : des chiffres gonflés artificiellement, impossibles à généraliser.

Donc des coupures dans tout, et des revenus projetés qui ne tiennent pas la route. Pour un gouvernement qui demande des élections depuis deux ans et qui nous promet des miracles pour l’économie Canadienne, on se serait attendu à mieux. 

Moins un cadre financier qu’un album souvenir

Et pendant qu’on essaie de suivre ces projections floues… que nous offre Poilievre? Des photos. Beaucoup de photos.

La chroniqueuse Chantal Hébert en a compté 17 de Poilievre et 5 de son épouse… sur un document de 30 pages. (Pour comparaison, le cadre libéral fait 67 pages. Zéro photo.)

Plateforme économique ou album de vacances? Difficile à dire.

Un plan rempli de poudre aux yeux

Depuis le début de la campagne, Poilievre martèle un discours de rigueur. Mais son cadre financier, lui, tient plus du tour de passe-passe que d’un vrai plan de match.

Derrière les grandes formules, on retrouve une vieille recette : couper dans les services publics pour mieux servir les plus riches.

Un plan qui mérite d’être bloqué. Comme son chef, d’ailleurs. À nous de jouer lundi 28 avril.

• Note de bas de page : [1] Le fameux 1 800 $ d’économie: il ne s’applique que si les deux conjoints gagnent chacun au plus 57 375 $ et paient de l’impôt sur toute la première tranche. Autrement dit, c’est le cas extrême — utile surtout pour gonfler les promesses, mais factuellement peu probable. Pour en savoir plus sur le taux d’imposition